30 avril 2007

Le stress du sandwich


Vous le savez tous, l’aisance au moment de la commande d’un sandwich est le signe d’une adaptation réussie dans le pays d’accueil. Il me semble que je ne suis pas encore parfaitement « adaptée ».

Ici le sandwich est une institution quand vient l’heure du déjeuner (plutôt vers 13h30 que midi pile soit dit en passant). On trouve tout un tas de magasins de sandwichs et il va de soi qu’un sandwich préparé sous vos yeux avec de bons ingrédients frais est meilleur que son équivalent sous cellophane. Mais quel stress, quelle épreuve avant de mordre à pleines dents dans un BLT (Bacon Laitue Tomate) toasté à point.

D’abord il semble que les menus n’ait d’autre utilité que la décoration de l’échoppe. Si vous pensez pouvoir vous en sortir en jetant au vendeur un des noms affichés au dessus du comptoir en comptant sur le fait qu’il saura bien quoi mettre dans le sandwich, vous faites erreur. 4 fois sur 6 il faut détailler les ingrédients malgré tout. Les habitués et les natifs du pays m’impressionnent toujours quand ils énoncent leur commande comme s’ils étaient nés dans une boutique de sandwich, avec l’aplomb de celui qui sait exactement ce qu’il veut manger.

Un autre problème vient du fait que les bacs contenant les ingrédients ne portent pas d’étiquette. Pour peu que vous ne soyez pas au fait des 12 354 façons de préparer le jambon, attendez-vous à une humiliation du genre «oui mais quel jambon vous voulez » accompagnée d’un regard de vrai mépris. Il semble aussi que les vendeurs aient interdiction d’expliquer ce que contiennent les bacs. Et pour une raison qui m’échappe, tous les ingrédients de sandwichs sont physiologiquement imprononçables pour une bouche française : cucumber (concombre), lettuce (laitue), cajun chicken (poulet à la cajun) sont autant d’ennemis du déjeuneur français pressé. Conseil d’amie : pointez le doigt au hasard vers les ingrédients dont la couleur vous plaît. J’appelle ça le Random Sandwich (sandwich au hasard), c’est parfois très bon.

Il me semble aussi que tout se passerait mieux si les vendeurs étaient plus compréhensifs. Je veux dire, si les vendeurs me comprenaient mieux. Pour commander un bête sandwich je dois en moyenne faire répéter 3 fois la personne qui me sert et elle doit elle-même me faire répéter trois fois. Et à chaque fois je passe en caisse rouge jusqu’aux oreilles avec un sandwich à la composition moyennement satisfaisante.

Mon objectif (pour 2009): commander un sandwich « poulet-tomate-coleslaw-concombre au pain complet toasté » d’une traite, sans hésiter et sans me faire interrompre d’un « oh mais vous êtes française ».